Presse

Denis GENNART, Sensuel Frank Andriat, LA LIBRE BELGIQUE, 21 mars 1991.

Sensuel Frank Andriat

Frank Andriat, 32 ans. Prix Sander Pierron pour Hirondelles.
Deviens le soleil, la terre et l’oiseau,
un roman qui fait sentir la profondeur des choses

Alors que l’actualité le replace sur l’avant-scène de la littérature belge, Frank Andriat, à qui l’Académie Royale de Langue et de Littérature vient de décerner le prix Sander Pierron pour son livre Hirondelles, nous revient avec un court roman dont la beauté n’a d’égale que la sensibilité. On connaissait déjà le Journal de Jamila, un journal écrit par une jeune immigrée (le livre est malheureusement épuisé) et Hirondelles, un recueil de nouvelles poétiques et enjôleuses, pour ne citer que deux de ses œuvres en prose les plus diffusées. Mais d’Andriat, il y a aussi des recueils de poésie, des romans fantastiques ou policiers et des études critiques. Voici aujourd’hui Deviens le soleil, la terre et l’oiseau, un livre destiné à occuper une belle place dans l’ensemble fort varié de la production de cet auteur bruxellois. Le titre un peu mystérieux décline à lui seul tout un programme.

CONTEMPLATION

De quoi s’agit-il ? Une jeune femme, Marie, et le narrateur prennent le train pour passer trois jours à la campagne où ils vont se promener, manger et dormir avant de retourner à Paris. Trois jours, juste une parenthèse de sérénité et de paix au milieu d’une vie qui n’est rythmée que par l’urgence, trois jours de contemplation quasiment mystique, d’ouverture au monde au moment où, précisément, les deux comparses semblent s’en retirer. Et de fait, une opposition se dessine entre ces deux types de vie, celle de la campagne et celle de la ville, ou, mieux, une complémentarité, car le ressourcement auquel ils s’adonnent n’est pas un oubli de la réalité, mais une prise de conscience radicale de sa profondeur.

VOIR ET SAVOIR

En effet, le séjour en Ardennes est l’occasion idéale pour apprendre à voir, quand le plus souvent on ne cherche qu’à savoir. Ainsi, à l’opposé d’une de ces philosophies qui s’expriment en apophtegmes incisifs et brutaux, il y a l’odeur d’un sous-bois après la pluie, la molle succion d’une terre spongieuse où le pied s’enfonce, les variations infinies d’un sourire ou le charme d’un point de beauté sur un visage. On verra que Marie (la sainte éponyme n’est-elle pas l’emblème de celle qui reçoit et accueille, se fait le creusement d’une vie radicalement autre ?) incarne les deux facettes. Ces trois jours campagnards suspendent le temps des horloges : «Je songe à ce temps que nous gardons précieusement dans nos montres, à l’illusion du temps que nous entretenons sans cesse pour avoir une raison de refuser notre immortalité. Si nous cessions de croire au temps, aurions-nous encore peur de mourir?» Et à ce temps-là, se substitue une autre, rythmé par d’autres cadences, comme le battement d’un cœur ou l’alternance du jour et de la nuit.

SENSUALITÉ

Plus que tout, il faut admirer cette écriture qui parvient à appliquer secrètement les principes qu’elle prône —et en tête de ceux-ci, la simplicité—, pour faire sentir la profondeur des choses. La compagne et la campagne sur lesquelles le narrateur porte son regard par exemple sont revisitées avec les yeux de l’étonnement lui-même, des yeux qui n’effleurent pas, mais pénètrent sans violer. L’écriture d’Andriat est celle de la sensualité qui ouvre au monde. On comprend, en tout cas, que l’auteur déclare chercher à écrire quelque chose qui soit comme de la sensation pure, qui parvienne plus à faire sentir qu’à dire. Le plus étonnant en fin de compte est qu’à lire ce petit livre, on a l’impression de vivre réellement l’expérience profonde de Marie et du narrateur. Pendant une heure au moins, on est emporté dans la sérénité qui l’habite comme si l’acte de la lecture mimait le mouvement intérieur du livre.

Denis GENNARTLa Libre Belgique,21 mars 1991.

Albert AYGUESPARSE, Hirondelles, MARGINALES, juin 1990.

Frank ANDRIAT : HIRONDELLES

(Ed. Bernard Gilson)

Auteur de plusieurs recueils de poèmes, de deux courts romans, de traductions de l’espagnol en français, de divers autres ouvrages, Frank Andriat fut aussi l’animateur d’une revue intéressante, le Cyclope, ainsi que le directeur d’une maison d’édition qui publia ses premières œuvres. Tout cela, Frank Andriat le créa et le fit vivre avec bonheur. Il sut donner à ce qu’il entreprit un air de jeunesse, le sens de la recherche et la nouveauté de l’aventure littéraire. Après ces années d’expérience, il vient d’éditer Hirondelles, un volume de brefs récits qui témoignent de nouvelles formes de son talent.
Hirondelles est le titre d’un texte du volume. L’écriture de Frank Andriat est extrêmement variée, elle va du conte fantastique au récit traditionnel, mais l’auteur réussit toujours à leur conférer sa marque propre, un accent d’authenticité qui donne aux pages de son récent ouvrage une dimension inédite et un ton personnel. Quoi qu’il écrive, si diverse que soit son inspiration, on retrouve toujours le goût du détail inattendu et précis, un style vivant, original, à la fois simple et nuancé.
Frank Andriat possède l’art de raconter. L’intrigue la plus menue, le drame le plus banal prennent sous sa plume les couleurs de la vérité et révèlent un imaginaire d’une grande richesse.

Albert AYGUESPARSEMarginales, Bruxelles, juin 1990.

Francis CHENOT, Des hirondelles pas si naïves, LE DRAPEAU ROUGE, 13 juin 1990.

Des hirondelles pas si naïves

La nouvelle retrouve aujourd’hui une place privilégiée. Des collections lui sont consacrées un peu partout. Poète, romancier (nos lecteurs se souviendront de Matilda, que nous avons publié naguère en feuilleton) et critique (à l’occasion dans ces colonnes), Frank Andriat s’y trouve à l’aise quasi naturellement : une écriture serrée, un sens du raccourci le prédisposaient, selon moi, à cet art plus difficile qu’il n’y paraît qu’est la nouvelle. Est-ce le goût de la rime ? Toujours est-il que paraissent de lui des nouvelles intitulées Hirondelles.

Des hirondelles qui n’ont rien de naïf, croyez-m’en. Le texte qui porte ce titre (sur un trente-trois tours, il s’agirait de la plage titulaire) met en scène un esprit un peu simple qui prend pour d’inoffensives hirondelles des avions meurtriers. Et c’est vrai que la mort rôde dans ces vingt et un textes courts qui nous font voyager à travers le monde, de notre vieille Europe à cette Amérique latine que Frank Andriat connaît bien. La mort terrible ou refuge pour Priscilla ou Mademoiselle qui n’a pu surmonter l’échec d’un amour ou pour Saadia, quinze ans, née à Bruxelles, mais rejetée par la société.

La mort terrible, «tache de cendres», dans un des récits les plus forts qu’il m’ait été donné de lire sur la violence en Amérique latine, les massacres d’innocents, raconté par un enfant… mort. Aux limites de l’insoutenable. Mais un recueil de nouvelles, ce sont aussi les changements de tons, d’ambiances, le talent du narrateur à varier la forme en fonction des contenus. Et Frank Andriat maîtrise parfaitement les recettes du genre. Avec ce zeste d’humour qui fait le «doigté». Et une fois ce petit livre refermé, il vous reste cette impression d’avoir voyagé avec la mort, certes, mais aussi d’avoir frôlé de nombreuses présences féminines, des adolescentes aux longs cheveux avec leurs premiers émois amoureux, des jeunes filles en fleur dont le parfum s’accroche à vous obstinément…

En prélude, deux pages qui expliquent ce que signifie pour un écrivain «s’ouvrir à l’écriture»: «Aujourd’hui, grand adolescent de plus de dix-sept ans, mon premier poème a mûri. Il est trouvé des racines à Bruxelles, au Mexique, dans les rues sombres du bas Schaerbeek. Il est devenu jeune fille arabe, commissaire de police, chat de gouttière,. Il s’est fait ironique, sérieux, revendicatif, taiseux. Mais, derrière ses attitudes et ses visages, se tapit toujours l’envie d’entrer en contact. S’ouvrir à l’écriture, c’est s’offrir le monde.»

Francis CHENOTLe Drapeau rouge, Bruxelles, 13 juin 1990.

Jean DEMAZY, Frank Andriat, extrait des Dossiers L, n° 23, Service du Livre Luxembourgeois, 1990.

Frank Andriat

À trente et un ans, Frank Andriat présente déjà une œuvre importante et variée qui se caractérise par ce qu’André Gascht nommait dans Le Soir, en 1976, «une écriture très moderne qui tire sa magie de ses images et qui manifeste une fraîcheur et une pureté de pensée très frappantes aujourd’hui.»
Lecteur boulimique, critique prolifique et lucide, Andriat s’intéresse à tout ce qui touche à l’écrit : du slogan publicitaire aux traités théoriques sur le langage. Son œuvre, pour le moment encore, se cherche, d’où sa diversité. Poète, il a évolué du style touffu et imagé d’Oiseaux de sang vers une langue plus simple et allusive. Prosateur, il a suivi un parcours fort semblable : sa phrase s’est élaguée. La volubilité de Lunettes fumées a été remplacée par la clarté du Journal de Jamila, par la précision incisive des textes rassemblées dansHirondelles. Mais, dans chaque livre, on retrouve le plaisir de jouer avec le mot : Andriat s’intéresse beaucoup au côté ludique de l’écriture, d’où l’humour qui apparaît dans plusieurs de ses textes.
Cependant, si Frank Andriat est intéressé par le côté esthétique de l’écriture, ses livres, et surtout ses derniers, sont profondément ancrés dans les réalités de notre époque : l’injustice sociale, la problématique de l’immigration, les relations entre individus sont des thèmes récurrents dans son œuvre. Cet intérêt pour l’autre trouve son origine dans un profond souci de l’humain qui anime l’auteur depuis son entrée en écriture. L’intimisme des premiers poèmes s’est élargi au monde. Si, comme il le déclare dans un texte inédit, «le poète baisse la culotte des mots avec fureur et fantaisie», pour Frank Andriat, l’écrivain est aussi un éveilleur de consciences qui «a toujours un revolver au poing». Une œuvre jeune encore, mais dont on peut bien augurer.

Jean DEMAZY, in Dossiers L, 1990.
© Service du Livre Luxembourgeois.

Monique VERDUSSEN, Le “Journal de Jamila” : exemplaire et indispensable, LA LIBRE BELGIQUE, 31 déc.86 – 1 janvier 1987.

Le Journal de Jamila : exemplaire et indispensable

Frank Andriat nous fait entendre la voix d’une petite Marocaine de Belgique

Écrire un journal est parfois un acte d’écrivain. C’est plus souvent encore le refuge d’adolescents qui laissent couler, de cette manière, le flot de leurs sentiments, de leurs ressentiments, de leurs rêves, de leurs blessures, de leurs échecs. De leur vérité, en somme… A ce titre, le lecteur qui en découvre ne peut manquer de se trouver touché.
En écrivant le journal d’une petite fille fictive, Frank Andriat prenait donc le risque de tricher avec l’authenticité qui fait le prix de la chose. Mais ce jeune professeur de français d’une école bruxelloise est si affectivement proche et à l’écoute des problèmes des jeunes —dont beaucoup d’immigrés— qu’il côtoie tous les jours dans son métier qu’il ne pouvait aucunement trahir les pulsions, les pensées, les impressions, les émotions et les révoltes intimes de ceux-ci. Et la forme choisie du «journal» ne traduit, en fait, que mieux, de l’intérieur, le désarroi d’adolescents mal installés dans leur peau, que ce soit entre deux cultures opposées ou, de manière plus générale, dans leurs rapports avec leurs parents, avec l’école ou avec une société dont, le moins qu’on puisse dire, est qu’elle ne leur ouvre pas largement ses portes.

Porte-parole

«Jamila» est un prénom qui vient d’ailleurs. En l’occurrence, c’est une figure emblématique, une sorte de porte-parole des jeunes que l’on croise à nos coins de rues sans toujours bien les comprendre et, plus particulièrement, des jeunes immigrés dont elle dit fort bien la difficulté d’être à la fois d’ici et d’ailleurs. Symbolique pour les besoins d’une fiction proche de la réalité, elle est, en dépit de cela, très réelle et très présente dans ce journal qu’elle livre d’elle-même à travers le regard, la plume et les perceptions de Frank Andriat.

Jamila est l’aînée d’une famille de quatre enfants. Née au Maroc, elle est arrivée en Belgique vers l’âge de dix ans. Elle en a donc dix-sept lorsqu’elle écrit son journal. Son père, au chômage, y apparaît comme un homme brutal et traditionaliste… Pour autant que cela concerne les gens qui l’entourent. Sa mère est une femme effacée et docile qui n’a d’autre horizon que les travaux du ménage et les saouleries de son mari.

A la maison, Jamila vit une vie de petite fille qu’elle aurait sans doute acceptée dans son pays d’origine. A l’école, elle côtoie des jeunes Belges, garçons et filles, qui lui ouvrent des perspectives de liberté, d’affectivité, d’amitié, de communication et de responsabilité auxquelles elle n’a accès qu’à coups d’affrontement très rudes et quotidiens avec l’autorité paternelle. «Par ma mentalité, par mon éducation, ma sensibilité, je suis d’ici, constate-t-elle, Par la couleur de ma peau, par mes parents, je suis d’ailleurs.»

Des traits simples

Ce n’est pas un thème nouveau. Mais il est abordé avec beaucoup de sensibilité. Sans doute, et Frank Andriat est le premier à l’admettre, le Journal de Jamila ne se soucie-t-il pas beaucoup de nuancer ou de circonstancier une réalité dont les personnages sont parfois outrancièrement typés. Mais une petite fille qui écrit son journal ne s’en souvient pas non plus. Et puis, pour donner à toucher —du dedans— des sensations et des questions essentielles, il faut souvent savoir réduire à quelques traits simples, voire simplistes, le regard que l’on en a.

Toujours est-il que, tel quel, le Journal de Jamila ne devrait pas passer inaperçu. Il est un point de départ idéal à tout débat sur les jeunes d’aujourd’hui que seraient soucieux de soulever des jeunes et des moins jeunes; il est un «journal» exemplaire, d’un genre littéraire qu’il honore par son style précis, concis et rapide. Et si c’est un petit livre par le format, il est grand par ses intentions. Tout le monde devrait se donner, pour cette raison, la peine de l’ouvrir.

Que signifieraient, en effet, nos «meilleurs vœux, souhaits sincères» de ce début d’année si l’on ne pouvait entendre, avec sérénité et bonne volonté, la voix d’une petite fille déchire qui interroge : «Qui peut m’aider?» et si l’on n’avait, comme elle, la bouleversante sincérité de se remettre en question quand elle accepte : «Parfois, même quand je pourrais lui donner raison, je conteste les idées de mon père, simplement pour m’opposer à lui».


Monique VERDUSSEN
La Libre Belgique, Bruxelles, 31 déc. 1986 -1er janvier 1987.

Anne-Marie PIRARD, Le Journal de Jamila, LA CITE, 17 décembre 1986.

Le Journal de Jamila

Une jeune Marocaine de 17 ans tient son journal. Un témoignage. Un point de départ pour un dialogue entre jeunes, entre jeunes et adultes et aussi pour de nombreux cours.

« Qui suis-je ? Je désire plein de choses mais je suis incapable d’en parler. À qui pourrais-je d’ailleurs me confier ? Personne ne m’écoute… C’est pour cela que j’ai décidé de tenir ce journal : pour dire mes peines et pour me réconforter. Mon journal à moi toute seule, mon journal à qui je ne cacherai pas mes secrets. »

Jamila a 17 ans environ, un père au chômage, une mère soumise, deux frères et une petite sœur. Elle vit la situation de beaucoup de jeunes filles d’origine maghrébine de la seconde génération, coincée entre une société belge peu amicale et une famille sans ouverture sur le monde où elle vit.

Le Journal de Jamila est dû à Frank Andriat, un jeune professeur bruxellois de 28 ans : « Le Journal de Jamila est né d’un coup de cœur. La situation conflictuelle que vivent beaucoup de jeunes, et notamment de jeunes immigrés que je côtoie dans mon métier de professeur, m’a touché. (…) La réalité du Journal de Jamila, ce sont les sensations que j’ai éprouvées en discutant avec certains de mes élèves, avec des amis. Tout le reste est imagination. »

Dans le livre, l’auteur aborde les problèmes vécus par les jeunes : l’amitié, l’amour, la recherche de communication, de dialogue, l’envie de liberté… Il aborde de plus les problèmes spécifiques des jeunes immigrés coincés entre deux sociétés : « J’aurais dû naître avec une peau pâle, des yeux bleus et des cheveux blonds, j’aurais dû rester dans mon pays avec ma peau tannée, mes yeux bruns et mes cheveux frisés. Qui suis-je ? D’où suis-je ? Par ma mentalité, par mon éducation, ma sensibilité, je suis d’ici. Par la couleur de ma peau, par mes parents, je suis d’ailleurs. »

Il remet aussi en question le système scolaire actuel.

Le Journal de Jamila est le premier ouvrage de la collection « Lecture » des Éditions Le Cri qui veut donner la parole aux jeunes qui « se voient imposer des livres sans avoir le droit d’y participer » : le roman est suivi d’un dossier « Témoignages » où trois jeunes élèves de Frank Andriat traitent diversement plusieurs thèmes abordés dans le journal.

L’idée est intéressante et le roman bien fait en ce sens que nombre de jeunes pourront s’y retrouver. Parce que les mots sont les leurs, les idées aussi. Cela sonne juste même si, de l’aveu même de l’auteur, certains personnages comme celui du père, sont un peu outrés.

C’est aussi – et c’est d’ailleurs bien là sa vocation – le genre d’ouvrage type pour commencer une discussion avec des jeunes : on en tirera profit au cours de morale, de religion, d’actualités, dans les mouvements de jeunes… De nombreux thèmes peuvent en effet être abordés par le biais du livre : situation des immigrés, déchirement des jeunes de la deuxième génération, difficultés pour les jeunes filles arabes de s’épanouir, problèmes du logement, de l’alcoolisme et, bien sûr, tous les problèmes liés à l’adolescence.

Enfin, ce type d’ouvrage est à mettre entre les mains des jeunes qui lisent peu pour les inciter à la lecture. Il peut aussi être utilisé au cours de français comme approche de la littérature autobiographique et du journal.

Anne-Marie Pirard, La Cité, 17 décembre 1986.